Avec une série de primes, par exemple pour la rénovation énergétique des maisons et pour les voitures électriques, le gouvernement veut encourager les gens à émettre moins de gaz climatiques nocifs. La question qui se pose ici est de savoir si les gros salaires ont besoin de telles primes et si les bas salaires peuvent se permettre de procéder à de telles rénovations et d’acheter des voitures électriques malgré ces aides. Le risque est grand de voir le fossé entre les riches et les pauvres s’élargir.

Empêcher la manipulation de l’index

Les modalités d’augmentation de la taxe carbone devraient, à notre avis, être améliorées de toute urgence. Des impôts indirects supplémentaires, ou leur augmentation, frappent les consommateurs sans distinction et nous les refusons par principe. Des taxes environnementales ciblées peuvent éventuellement être acceptées si les recettes correspondantes sont intégralement et socialement redistribuées aux consommateurs. Ce n’est pas le cas. En effet, seule la moitié des recettes correspondantes doit être affectée à des mesures de compensation sociale, tandis que l’autre moitié est destinée à des mesures écologiques, comme le subventionnement de la mobilité électrique individuelle. La taxe carbone doit être prise en compte dans le calcul de l’index. Une nouvelle manipulation de l’index est inacceptable, car elle risque d’ouvrir la voie à d’autres manipulations.

Une transition nécessaire dans le domaine des transports

Le plan climat-énergie actualisé indique certes que la consommation d’énergie électrique augmentera en raison des pompes à chaleur et des voitures électriques. Toutefois, aucune donnée chiffrée basée sur un calcul correspondant n’est fournie à cet égard. Nos collègues allemands de « Mobifair » ont calculé que si le transport individuel et le transport routier devaient passer à l’électricité en Allemagne, cela nécessiterait la puissance annuelle supplémentaire de 23 centrales nucléaires, soit une quantité d’électricité suffisante pour 80 millions de ménages. Cet exemple prouve clairement que les voitures électriques ne sont pas en mesure d’opérer le changement souhaité dans le domaine des transports et qu’il n’existe aucune alternative à la promotion des transports publics. Le ministre de la Mobilité a certes présenté un plan de mobilité à moyen terme, jusqu’en 2035, qui contient certes des éléments positifs, mais qui peut difficilement aboutir au changement dans le domaine des transports, tant du point de vue de la politique climatique qu’au  niveau social. Notamment en ce qui concerne le développement nécessaire des infrastructures ferroviaires, ce plan est trop modeste. Il est frappant de constater que les propositions de la fondation IDEA, un groupe de réflexion de la Chambre de commerce, sont plus ambitieuses que celles du ministère de la Mobilité en ce qui concerne le développement des infrastructures ferroviaires. Le plan de mobilité à moyen terme du ministère ne mentionne pas la mise à double voie progressive de la ligne du nord, en amont d’Ettelbruck. La reprise du trafic voyageurs sur différentes lignes, notamment entre Ettelbruck et Bissen, ne figure pas non plus dans le plan du ministère. Il est pourtant connu que lorsque de nouvelles infrastructures ferroviaires sont planifiées aujourd’hui, il faut au moins 15 ans pour qu’elles soient opérationnelles.

Conséquences de la libéralisation

Un changement nécessaire dans le domaine des transports ne doit pas seulement se limiter aux transports publics locaux, mais doit également inclure le transport de marchandises et le transport à longue distance. La politique de libéralisation de l’Union européenne n’a pas favorisé le transport ferroviaire comme le prévoyait la Commission européenne, mais lui a causé de grands dommages. Des milliers d’emplois ont été supprimés dans les chemins de fer européens. Dans l’ensemble du secteur des transports, les conditions sociales se sont dégradées.

Dans le secteur du transport de marchandises, de nombreux transports, notamment le transport de charges isolées, ont quitté le rail pour la route. Suite à la libéralisation, de nombreuses liaisons confortables à longue distance, comme par exemple de Bruxelles vers la Suisse et l’Italie via le Luxembourg, ont été supprimées. Il est donc compréhensible que de nombreuses personnes voient la seule alternative dans la voiture privée et l’avion, ce qui ne va pas dans le sens d’une politique de transport respectueuse du climat. La libéralisation du transport aérien a surtout aidé les compagnies aériennes à bas prix à se développer. Certes, cela a démocratisé le transport aérien en permettant à davantage de personnes de voyager en avion. Mais, ces compagnies à bas prix ignorent souvent les intérêts des passagers et du personnel. Il y a quelque temps, la Commission de l’Union européenne avait pourtant proposé de relier les aéroports entre eux par le rail, afin d’éviter les voyages inutiles en avion. Chez nous, ce n’est pas à l’ordre du jour. Malgré la présence d’une gare souterraine à l’aéroport du Findel et l’adoption d’une loi prévoyant le raccordement de l’aéroport au réseau ferroviaire classique, le ministère de la Mobilité refuse de l’envisager. Peut-être que, suite à la crise climatique, on se rendra compte au niveau politique que les libéralisations et les privatisations dans le domaine des transports et d’autres services ont été une erreur et qu’elles doivent être annulées.

Nico Wennmacher

Président d’honneur

FNCTTFEL-Landesverband