En dépit de ce déficit démocratique, nous devrions faire usage de notre droit de vote, pour lequel nos ancêtres syndicalistes se sont battus. Dans l’esprit de cet engagement pour plus de démocratie, nous devrions entamer des réflexions sur la manière dont toutes les personnes qui vivent et travaillent ici pourraient être mieux intégrées dans le processus démocratique. Cette tâche ne sera certainement pas facile. Lors du référendum de 2015, qui avait été organisé par le gouvernement sans les informations de fond absolument nécessaires, le droit de vote des étrangers a été rejeté à une large majorité. Les résultats des référendums sont utilisés depuis longtemps par nos partis pour justifier leurs positions politiques. Le meilleur exemple à cet égard est notre monarchie, qui a été approuvée par référendum en 1919. Conformément à ce référendum, la monarchie a été confirmée lors de la réforme constitutionnelle qui, contrairement au droit de vote des étrangers, a été adoptée sans référendum. La seule institution où tous les salariés et les retraités ont le droit de vote est la Chambre des salariés. Au cours de la période écoulée, cette chambre a élaboré de nombreux avis et prises de position qui ont servi de référence. Malheureusement, ces avis ne sont pas toujours pris en compte par le législateur.

Élections = jour de paie

Je suis convaincu que les membres des syndicats décideront pour quel parti et quels candidats ils voteront en comparant les programmes électoraux et les revendications syndicales. Pour ce faire, il ne faut pas seulement comparer les programmes électoraux, mais aussi analyser les contenus politiques que les différents partis ont défendus ces dernières années. Cette analyse permet également de constater qu’entre les promesses électorales et la politique menée, il existe souvent des divergences considérables. Un exemple récent à cet égard est l’indice que tous les partis ont défendu dans leurs programmes électoraux en 2018, ce qui n’a pas empêché les partis gouvernementaux de consentir à une manipulation de l’indice en mars 2022.

On a pu lire dans de nombreux articles de presse que presque tous les partis se dirigent vers le milieu politique, là où il n’y a presque plus de place. Par conséquent, il est indispensable de bien lire les petits caractères des programmes électoraux, à l’instar des annonces publicitaires. Dans ce contexte, la politique de libéralisation et de privatisation telle qu’elle a été menée ces dernières années en Europe et chez nous est un bon exemple. En tant que cheminots, nous savons que cette politique a entraîné la suppression de milliers d’emplois dans toute l’Europe et que les services se sont dégradés. La demande des syndicats de procéder à une évaluation sérieuse de cette politique sur le plan économique, social, de la politique des transports et de l’environnement n’a pas été satisfaite jusqu’à présent. Pourtant, cette politique sera poursuivie chez nous et étendue à d’autres domaines, conformément au camp des conservateurs et des libéraux. Un exemple récent à cet égard est la discussion à la Chambre des députés de la loi sur le « virage ambulatoire » dans le secteur de la santé. Conservateurs et libéraux, de différentes sensibilités, souhaitent ouvrir le secteur hospitalier et de la santé à des acteurs financiers privés afin qu’ils puissent y investir de manière rentable. Une telle mesure ouvrirait la voie à une médecine à deux vitesses, où seules les personnes bien placées pourraient s’offrir les différents traitements. Ce qui, dans le domaine de la santé, était considéré comme un consensus entre les partis gouvernementaux est aujourd’hui dénoncé par certains comme une politique de santé socialiste. Les fanatiques de la libéralisation et de la privatisation ne vont certainement pas se contenter du secteur de la santé. Ils ont sans doute déjà pris pour cible l’ensemble du système de sécurité sociale public et solidaire. Il s’agit là aussi d’un domaine où les assureurs privés pourraient faire fortune, au détriment des salariés. Par ailleurs, une privatisation rampante a également commencé dans le domaine de l’enseignement, qu’il convient de stopper.

 Trier la paille du blé

Dans de nombreux autres domaines, il s’agit de séparer la paille du blé, comme le dit le vieil adage paysan. La plupart des programmes électoraux préconisent une meilleure conciliation entre l’activité professionnelle et les obligations familiales. Le meilleur moyen d’y parvenir est une réduction générale du temps de travail, que l’on retrouve dans plusieurs programmes. Cela permettrait aux femmes et aux hommes de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale, sans perte de salaire et sans perte de pension ultérieure. Toutefois, la réduction du temps de travail semble être un chiffon rouge, surtout pour les libéraux. Ils souhaitent introduire davantage de flexibilité individuelle, qui serait négociée entre les salariés et l’entreprise. Ces accords individuels ne sont nullement dans l’intérêt des salariés. Ils visent à saper le système des conventions collectives et à affaiblir les syndicats. Dans ce contexte, il convient d’empêcher l’introduction d’une telle « Macronie », comme en France.

 

Nico Wennmacher

Président d’honneur

FNCTTFEL-Landesverband