Les manifestations et les grèves actuelles chez nos collègues français sont dirigées en premier lieu contre le projet de réforme des retraites. Elles rappellent au grand mouvement de grève de 1995, lorsque le secteur public et surtout les cheminots avaient fait grève avec succès pendant 5 semaines contre la réforme des retraites prévue à l’époque. Mais, les conflits actuels ne portent pas uniquement sur la réforme des pensions. Il s’agit pour le gouvernement de mettre en place une vaste redistribution du bas vers le haut, les riches s’enrichissant encore plus et les pauvres s’appauvrissant encore plus. Et ceci fidèlement à la devise de l’actuel président français, de ses maîtres à penser libéraux et de ses imitateurs, selon laquelle si les riches deviennent encore plus riches, suffisamment de miettes tomberont de leur table pour satisfaire également les besoins des couches inférieures. Cette vision libérale s’est toujours révélée erronée et a logiquement été rejetée par les syndicats. La détérioration des systèmes de pension publics doit en outre permettre aux assureurs privés de trouver de nouveaux clients.
Premiers succès
Même dans notre pays riche, les déficits sociaux ont augmenté ces dernières années. En termes de risque de pauvreté, notre pays occupe une des premières places au sein de l’Union européenne. Malgré ce fait, les attaques contre notre acquis social se multiplient. Il y a un an, le gouvernement et la Chambre des députés, avec l’accord du LCGB et de la CGFP, ont initié une manipulation de l’index. Grâce à la mobilisation de l’OGBL et du Landesverband, notre système indiciaire a pu être sauvé provisoirement lors de la tripartite de septembre dernier.
Lors de la récente tripartite du 3 mars dernier, il a été décidé de maintenir le plafonnement des prix sur les produits énergétiques l’année prochaine, afin de maintenir l’inflation à un niveau bas et de payer ainsi toutes les tranches indiciaires dues jusqu’à fin 2024. En outre, les syndicats ont également obtenu une adaptation partielle du barème fiscal à l’inflation. Nous devons toutefois être conscients que le plafonnement des prix sur les produits énergétiques est payé par les impôts, qui sont principalement payés par les travailleurs actifs et retraités ainsi que par les consommateurs. L’adaptation partielle du barème fiscal à l’inflation ne peut pas non plus être considérée comme un substitut à une réforme fiscale socialement équitable. Rappelons qu’une telle réforme fiscale avait été promise par ce gouvernement à son arrivée. Sous le prétexte que les différentes crises ont coûté beaucoup d’argent au budget de l’État, une telle réforme fiscale, jugée non finançable par le gouvernement, est reportée aux calendes grecques. Et pourtant, une réforme fiscale socialement équitable pourrait s’autofinancer. En augmentant l’imposition des hauts revenus, des revenus du capital et des bénéfices élevés des entreprises, il serait possible de générer des revenus supplémentaires afin d’alléger la charge fiscale pour les revenus bas et moyens. Cependant, cela ne semble pas correspondre à l’état d’esprit du gouvernement qui, à l’instar de notre voisin français, souhaite protéger les revenus et les privilèges de la classe supérieure.
Les priorités sociales passent avant tout
Comme mentionné ci-dessus, le risque de pauvreté ne cesse d’atteindre de nouveaux sommets chez nous. Cela concerne aussi la population des travailleurs, où le risque de pauvreté a dépassé la barre des 12%. Malgré ce fait honteux pour notre pays, il n’existe pas d’objectifs ambitieux au niveau gouvernemental pour réduire la pauvreté en général et dans la population des travailleurs. L’augmentation de la pauvreté résulte notamment du fait que la part de la valeur ajoutée créée chez nous va de plus en plus aux bénéfices des entreprises et de moins en moins aux salaires et traitements. Le gouvernement pourrait y remédier en décidant une augmentation structurelle du salaire minimum, du revenu minimum et des pensions minimales. Une telle augmentation du salaire minimum aurait également un effet positif sur l’ensemble de la structure salariale.
Actuellement, d’éminents politiciens sociaux reconnaissent que les déficits sociaux augmentent chez nous et dans toute l’Europe et que, par conséquent, des investissements dans le domaine social s’imposeraient. Malgré cette constatation, les mêmes hommes politiques ne donnent pas la priorité aux investissements sociaux, mais aux dépenses militaires. Par conséquent, à l’approche des élections politiques, nous devrions attirer l’attention des politiciens et des partis sur le fait que, selon nous, les intérêts des travailleurs et des retraités doivent être prioritaires.
Nico Wennmacher
Président honoraire
FNCTTFEL-Landesverband